Le Coq Héron : Ce que l’autisme interroge en nous. Questions cliniques, enjeux éthiques, défis de société (2ème trimestre 2017)

Numéros spéciaux

Le second numéro de l’année 2017 de la revue Le Coq Héron est consacré à l’autisme.

Ce que l’autisme interroge en nous. Questions cliniques, enjeux éthiques, défis de société

1. Daubigny C. Lettre ouverte sur les autismes, à l’usage de qui nous sommes. Éditorial. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 7-12.

La question de l’autisme donne lieu à des approches politiques, institutionnelles, pluridisciplinaires et cliniques. Ce numéro tente de dépasser les clivages et les oppositions virulentes qu’elle suscite pour donner la parole à ceux qui travaillent ou vivent avec des personnes autistes. Il cherche aussi à apporter des éléments de réflexion à ce que son titre suggère : qu’est-ce que l’autisme interroge en nous, comme entre nous, subjectivement et collectivement, qui puisse faire ouverture à ceux qui en sont porteurs, et qui nous mobilisent tant ?

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2. Alba de Luna M. Sortir de l’impasse. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 13-5.

Sœur d’une personne autiste, l’auteure, psychologue et psychanalyste, oppose l’importance du respect de la singularité des personnes autistes à l’oppression de la norme. Il s’agit pour une sœur, un frère, de sortir des effets de sidération ou de fascination pour ne tomber ni dans le rejet ni dans l’autisme à deux. Les personnes autistes sont des êtres de langage dont la subjectivité doit être prise en compte. Le débat devrait s’orienter vers un accueil meilleur et plus large d’institutions en mesure de répondre à ces besoins, comme il en existe déjà.

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3. Rollux F. Mon fils autiste. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 16-23.

En cette période troublée où, dans le domaine de l’autisme, le mot même de psychanalyse ne peut être prononcé, la mère d’un jeune adulte autiste se risque à évoquer les bienfaits de la prise en charge psychanalytique de son enfant. Elle raconte son parcours, son analyse et la difficulté rencontrée par tout parent pour se séparer de son enfant handicapé. Elle démontre qu’il ne suffit pas d’éduquer et encore moins de rééduquer, mais qu’une prise en charge thérapeutique de type analytique est indispensable et bénéfique pour accueillir les émotions et les expressions d’une personne autiste, afin qu’elle se construise avec sa personnalité singulière et non comme un sujet plus robotisé que normalisé.

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4. Sadoun P. On/off. Éros et Thanatos. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 24-30.

Tout dans l’autisme semble pousser au repli sur soi et à l’enfermement. Pourtant, contrairement aux clichés les plus répandus, le désir de changement et l’intérêt pour l’autre existent aussi chez ces personnes, même si des angoisses massives entravent leurs manifestations. Il s’agit, dès lors, pour tous ceux qui refusent le renoncement à la vie et l’enfermement dans une routine mortifère, de soutenir ces ébauches de désir tout en apaisant les terreurs qui les accompagnent.

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5. Raffy A. Points de vue des auteurs « Asperger » et des psychanalystes sur l’autisme. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 31-44.

Les autobiographies d’autistes aident à l’approche psychopathologique de l’autisme. Le fonctionnement autistique met en évidence l’usage d’une pensée métonymique empruntant aux processus primaires. Les théorisations psychanalytiques relatives à cette pathologie sont évoquées dans leur approche anglo-saxonne et lacanienne. Les outrances idéologiques de certains professionnels ont conduit les associations de familles d’autistes à rejeter la psychanalyse. Enfin, le passage autistique du « faire semblant » à une identification réelle est abordé à partir d’une vignette où l’intérêt pour les dinosaures touche à un questionnement sur les origines et le « naître autiste ».

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6. Rouzel J. Aut(o-éro)tisme. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 45-53.

La voie royale du traitement des autistes consiste sans doute à prendre au sérieux leurs productions, bricolages, trouvailles et autres inventions. L’accueil de ces productions reprend ainsi le conseil de Lacan de se faire « les secrétaires de l’aliéné ». Qu’elles tombent dans le champ de l’art, de la littérature, de la science etc., ou dans aucun champ connu. Cette position clinique peut permettre de soutenir et d’accompagner l’autiste dans le traitement de ce qui l’envahit et le perturbe, venant de l’extérieur comme de l’intérieur. L’auteur en fait la démonstration à partir de cas cliniques, notamment celui du musicien canadien Glenn Gould, autiste de génie.

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7. Delion P. Autisme, pédopsychiatrie et actualité. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 54-62.

Les attaques contre la pédopsychiatrie d’inspiration psychanalytique au sujet de l’autisme sont retracées dans leurs sources et modalités historiques et idéologiques. Elles visent la promotion exclusive de protocoles comportementaux et médicamenteux basés sur des recherches réduites aux données physiopathologiques et génétiques. Les pressions partisanes du politique sur les résultats des évaluations des démarches cliniques tendent à réduire le libre choix des modes de prise en charge pour les équipes de soin (discréditées) et pour les parents, alors que l’État dote de manière insuffisante la pédopsychiatrie. Face au risque sanitaire, l’article promeut une pédopsychiatrie fondée sur la complexité des formes d’autisme, avec, sous l’égide des parents, des réponses personnalisées complémentaires : sanitaires, éducatives et pédagogiques. Dans les échanges entre les acteurs, la psychanalyse travaille à partir des observations et des pratiques diverses, s’appuyant sur les vécus psychiques de chacun au sein de ces « constellations transférentielles » induites par les enfants autistes. Pour qu’enfin l’enfant noue une relation avec un Autre sécurisant.

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8. Golse B. De quelques questions éthiques en matière d’autisme infantile. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 63-73.

Après avoir rappelé la définition du concept d’autisme et de troubles envahissants du développement, l’auteur évoque, sans hiérarchisation aucune, un certain nombre de problèmes éthiques concernant successivement : la conceptualisation de l’autisme comme maladie ou comme handicap, les classifications internationales, le modèle étiopathogénique de référence, le débat sur la fréquence des troubles autistiques, la question du dépistage précoce, de l’évaluation et du soin, la place des psychothérapies psychanalytiques, l’impact de l’autisme sur les rapports entre parents et professionnels, la position des médias et, enfin, le rôle de l’État, des Centres ressources autisme et de la Haute autorité de santé.

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9. Allione M, Santese C. Qu’en est-il de l’atmosphère institutionnelle ?. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 74-81.

Les auteurs dialoguent à propos de l’atmosphère institutionnelle. Elle est ce terreau qu’il faut cultiver, cette sous-jacence dirait Jean Oury, pour que les soignants puissent s’engager dans leur acte de soin, pour qu’ils puissent œuvrer dans l’inventivité et la créativité et continuer à penser le soin. Cette atmosphère peut être porteuse pour les enfants si elle est faite de soutien, de sens et de vérité.

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10. Lheureux-Davidse C. Comportements restreints et répétitifs : une occasion de rencontre. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 82-90.

Les comportements restreints et répétitifs des enfants autistes se mettent souvent en place quand la relation à l’autre n’a pu s’installer facilement. Les bénéfices de l’effet de régulation qu’ils peuvent présenter sont souvent immédiats, au détriment d’une inscription psychique à long terme, c’est pourquoi ils s’appauvrissent et deviennent compulsifs tant qu’ils ne sont pas partagés. C’est la relation à l’autre qui permet une mise en représentation apaisante dans la durée. Quand un thérapeute s’y intéresse, au rythme de l’enfant, sous forme de narrativité ou d’imitation, de mise en sens coconstruite, l’enfant se sent compris et développe son sentiment d’exister. Il explore par la suite des microvariations qui l’ouvrent vers du nouveau. Sans lui imposer des échanges de regards qui seraient vite envahissants, il se sent plus concerné et relance spontanément le lien à son environnement. Il commence à se sentir intéressant pour les autres – une base pour accéder peu à peu aux rencontres sociales. Les comportements restreints et répétitifs solitaires diminuent, au profit d’un intérêt pour la relation aux autres et pour de nouvelles explorations.

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11. Mazéas D. Enclaves autistiques et ajustement contre-transférentiel. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 91-100.

Les enclaves autistiques correspondent à des traces de vécus dépressifs précoces dont les effets perdurent chez certains sujets en parallèle d’un développement plus ou moins harmonieux. Elles se manifestent par une sensibilité particulière à la discontinuité qui entraîne des fragilités d’intégration des aspects rythmiques et spatiaux de la rencontre humaine. Des perturbations de l’image du corps peuvent aussi en être issues. Dans ce type de clinique, c’est la souplesse d’ajustement contre-transférentiel du thérapeute à l’égard des passages entre des modalités relationnelles archaïques et des modalités basées sur une plus grande différentiation d’avec l’autre, qui permet de symboliser les ressentis d’isolement fondamental du patient.

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12. Athanassiou-Popesco C. Les défenses autistiques. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 101-17.

L’auteur tente d’aborder le monde de l’autisme à partir d’une progression allant des processus identificatoires du bébé et de leur rigidification vers la description des caractéristiques des états autistiques. C’est dans la pathologie des premiers processus identificatoires que ces états se développent. L’auteur tente d’établir une distinction entre la description des états autistiques et celle des défenses autistiques suscitées par l’angoisse de perdre la sécurité de base fondée sur l’état autistique. Enfin, à la faveur de divers exemples cliniques, elle invite à réfléchir sur l’universalité du noyau autistique de la personnalité, et à la juste place qu’il s’agit de lui attribuer chez tout un chacun.

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13. Allouch É. L’autisme ou l’échec du féminin en ses origines. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 118-26.

Pour soutenir l’hypothèse de l’autisme comme échec du féminin en ses origines, l’auteure rappelle la différenciation métapsychologique qu’elle établit entre autismes et psychoses infantiles. Ce sont deux psychopathologies du contact ou de l’autoérotisme : l’une par défaut, l’autre par excès selon les deux voies de l’identification primaire, à savoir celle des sensations et de l’affect (potentiellement, de l’érotisation), qui échoue en cas d’autisme, et celle de l’idéal ou de l’abstraction, mise à mal en cas de psychose infantile. En certaines circonstances, la voie de l’idéal se développe chez le sujet atteint d’autisme, mais clivée de la voie de l’affect. Un fragment de cure d’une adulte autiste d’Asperger illustre comment, à partir d’un effet transférentiel positif, le clivage entre la voie de l’affect et la voie de l’abstraction s’est trouvé atténué au profit de l’émergence du féminin élémentaire, source d’échanges d’ordre sensible avec autrui.

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14. Bellahsen L. Un travail psychanalytique avec un enfant autiste. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 127-42.

Ce texte décrit la thérapie psychanalytique d’un enfant autiste. Il a plusieurs visées : tenter de rendre compte de la mise en place, du déroulé et des effets de cette thérapie ; transmettre quelque chose de l’apport de psychanalystes tels que Geneviève Haag et Donald Meltzer à la psychanalyse des personnes autistes ; participer à la réflexion sur l’autisme en général.

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15. Thibaud Privat C. Un puits sans fond ?. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 143-8.

L’auteure rapporte le suivi orthophonique d’une petite fille en cmpp, dans le cadre de médiations thérapeutiques. Elle rend compte de sa confrontation aux silences et aux comportements automutilants de l’enfant. Travaillant ses contre-attitudes, elle offre un cadre où la rencontre se réalise dans une créativité partagée. L’enfant y trouve plaisir, s’exprime en son nom, développe de nouvelles compétences à l’oral et à l’écrit. Survient une séparation contrainte et douloureuse. Reste une suite de dessins et d’écritures, témoins de son évolution.

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16. Guillard L. Des modelages aux mots déliés. Le Coq-héron. 2017 ; 229(2) : 149-58.

À travers le récit de la première étape d’une cure avec une patiente « sans mots », prise en charge au sein d’un accueil de jour, l’article souligne l’importance que le cadre d’intervention initié par le psychanalyste puisse être adapté au patient, afin de rassembler des conditions suffisantes pour favoriser le passage des modelages à une parole déliée. Il s’agit également d’insister sur les enjeux d’une collaboration étroite entre des professionnels de l’éducation et le psychanalyste.

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